La société privée multinationale de cybersécurité, Kaspersky, a récemment publié un rapport[1] établissant l’opinion d’une partie de la population mondiale[2] sur le transhumanisme.
L’étude souligne qu’une majorité des personnes interrogées changerait une de ses caractéristiques physiques si elle le pouvait de sorte que ses capacités seraient améliorées voire augmentées[3].
Toutefois, 69 % d’entre eux sont inquiets car ils pensent qu’une telle technologie ne sera réservée qu’aux riches. 88% des personnes ont, quant à elles, peur que leur corps puisse être piraté.
En tout état de cause, les dérives du transhumanisme pouvant être désastreuses, il est nécessaire de prévoir des dispositions permettant d’encadrer ces pratiques.
Le transhumanisme est un courant de pensée scientifique, intellectuel et culturel, lancé par des futurologues américains et soutenu par des géants de la high-tech, qui promeut l’usage de la technologie pour améliorer l’être humain.
Ce mouvement considère, par exemple, que le vieillissement, les maladies ou encore les handicaps sont des aspects indésirables de la condition humaine qui peuvent être éliminés grâce aux progrès technologiques. Le but est d’améliorer l’être humain physiquement et intellectuellement, voire de le dépasser pour créer un transhumain aux capacités supérieures.
Le transhumanisme soulève de nombreuses questions à la fois morales et éthiques.
Là où certains associent transhumanisme et illusions, d’autres y voient, au contraire, la promesse d’une meilleure vie et l’étape suivante à l’évolution de notre espèce. Mais le transhumanisme est-t-il un danger pour l’être humain ? Marque-t-il la fin de la nature humaine ?
Les principales craintes entourant le transhumanisme correspondent au risque que le développement des biotechnologies mette à mal les règles les plus élémentaires de la moralité. Les plus réticents considèrent même que l’être humain devrait se satisfaire de ses attributs naturels, aussi imparfaits soient-ils.
De la même façon, beaucoup s’inquiètent, et à juste titre, des conséquences en termes de sécurité informatique. Un piratage de l’humain augmenté serait tout à fait possible et aurait des conséquences dramatiques (altération de différentes fonctions du corps humain, contrôle de la pensée, problèmes de sécurité publique…).
Par ailleurs, certains estiment que l’idéologie du transhumanisme provoquerait un déni environnemental sans précédent puisque l’humain chercherait seulement à s’adapter aux catastrophes écologiques au lieu d’essayer de les anticiper et de les éviter.
Parallèlement, le transhumanisme peut également générer des inégalités juridiques entre les individus, en plus des inégalités sociales. On pourrait en effet imaginer que les humains augmentés se voient octroyer plus de droits et libertés que les humains biologiques. Un tel système ne porterait atteinte à l’article 1er de la Déclaration des Droits de l’Homme et au principe d’égalité en droit seulement si l’humain augmenté dispose d’un statut juridique semblable à celui de l’humain biologique.
Enfin, l’humain augmenté pourrait entacher la paix dans le monde avec la création de soldats aux capacités augmentées. Les inégalités entre les Etats en mesure d’investir dans de telles technologies, et les autres ne feraient qu’augmenter.
Ainsi, si le transhumanisme peut apparaître comme la prochaine étape inévitable de l’évolution de l’être humain, il semble indispensable de la contrôler. Des garde-fous doivent être mis en place afin d’éviter que l’être humain ne soit pas dépassé. En effet, une telle technologie supposée servir l’humanité pourrait, à terme, devenir une menace pour elle.
Article réalisé en collaboration avec Noor ZAIM
[1] The future of Human Augmentation 2020: Opportunity or Dangerous Dream?
[2] L’étude a été menée en Europe et en Afrique du Nord sur plus de 14 000 personnes de 16 pays différents.
[3] 92% des personnes interrogées changeraient un aspect physique d’elles-mêmes si elles le pouvaient. 63 % envisageraient d’augmenter leur corps avec des technologies pour les améliorer temporairement ou de façon permanente. 53 % des personnes en faveur de l’augmentation pensent que cela améliorerait leur qualité de vie.